Prisons et oppressions, en noir et en couleurs

Un petit point sur mes lectures de ce premier mois de l’année, quatre très bons livres :

Moi aussi je voulais l’emporter de Julie Delporte

Un très bel album autobiographique sur les recherches que fait Julie Delporte sur Tove Jansson, l’autrice des Moumines, sur ses voyages et surtout sur sa relation avec le féminin et le féminisme. Le trait, au crayon de couleur, est doux et coloré et donne de magnifiques dessins. Il y a peu de texte et les images prennent toute la page, ce qui crée un rythme assez lent et contemplatif. C’est un livre résolument féministe, que je vous conseille chaudement. (TW : agression sexuelle)


Plus haut que la mer de Francesca Melandri

Dans une prison sur une île, deux proches de détenus sont contraints par la tempête de passer une journée et une nuit ensemble. À partir de là, le fil de leurs histoires se déroule : il y a l’amour, la politique, les Années de plomb et la violence, mais aussi le quotidien d’une mère de famille nombreuse désormais seule pour s’occuper de ses enfants et le regard d’un père sur son fils meurtrier. Une relation se noue entre les deux personnages, qui se racontent les épreuves traversées. J’ai beaucoup aimé. (TW : violence physique)


Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon de Jean-Paul Dubois

Je n’ai pas l’habitude de lire les Prix Goncourt, mais il se trouve que je passe des concours où on me demande de connaître un peu l’actualité de l’édition. J’ai donc lu le Goncourt 2019 et je ne le regrette pas car c’est un très bon roman. Il s’agit ici aussi d’une histoire de prison, mais racontée de l’intérieur, du point de vue d’un prisonnier. Mais ce qui compte surtout, c’est ce qui a mené ce personnage jusqu’en prison, l’histoire de sa vie à travers trois pays et deux continents, la manière dont il se construit et les raisons qui vont finir par le pousser à commettre un crime. C’est un livre assez prenant, on découvre peu à peu les différents épisodes de la vie du personnage, dont la psychologie est assez finement travaillée. Bref, j’ai tendance à dire que gna gna gna les grands prix littéraires, mais j’avoue qu’ils sont parfois mérités. (TW : violence physique, violence psychologique)


Beloved de Toni Morrison

Ouvrir Beloved, c’est plonger dans le monde de cette famille d’esclaves noires devenues libres, qui essayent tant bien que mal de se reconstruire après ce qu’elles ont vécu. C’est un peu déroutant au début, j’avoue que j’ai eu du mal à entrer dans le livre, mais en fin de compte c’est un récit très puissant. L’histoire est un peu décousue, il y a de nombreux retours en arrière, comme si la mémoire prenait des détours devant la difficulté à dire la violence et la douleur : l’esclavage, la fuite et surtout l’impossibilité d’aimer comme on le souhaite, quand vos proches peuvent vous être arrachés à tout moment. J’ai beaucoup entendu parler de Toni Morrison quand elle est morte l’an dernier et j’ai été très contente de recevoir ce livre à Noël. Ça n’a pas été le coup de cœur auquel je m’attendais mais j’ai néanmoins beaucoup aimé ce livre. (TW : esclavage, racisme, violence physique, violence sexuelle, meurtre)


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