Bonjour ! Ça fait un moment que je n’ai pas parlé de livres ici, tiens. Pour me rattraper, voici ce que j’ai lu en février, mars et avril. J’ai essayé de mettre en premier les livres que j’ai le plus aimés.
– Rien ne s’oppose à la nuit, Delphine de Vigan
Ce livre est magnifique mais il comporte à peu près tous les TW du monde. En particulier, il parle de suicide, de maladie mentale, de violences physiques, psychologiques et sexuelles et de famille toxique. Je préfère prévenir.
Pour faire le deuil de Lucile, sa mère, Delphine de Vigan se plonge dans l’écriture. À partir de ses souvenirs et en interrogeant ses proches et les sources dont elle dispose, elle tente de retracer la vie de Lucile, de son enfance dans une famille nombreuse et joyeuse, semble-t-il, jusqu’à son suicide. À travers ce livre, elle lève le silence sur cette famille tourmentée par la mort, la violence et les secrets.
Le moins que je puisse dire, c’est que c’est un livre très sombre et très beau (oui j’avoue, j’aime les histoires tristes). Puissant, intime et émouvant. C’est une histoire qui secoue, mais elle est importante. (Merci à ma maman qui m’a recommandé de lire Delphine de Vigan)
– Les jours sucrés, Loïc Clément et Anne Montel
À la mort de son père, Églantine hérite de sa boulangerie, dans le village breton où elle a grandi et où elle n’est pas retournée depuis très longtemps. C’est là, dans ce lieu qui ne lui paraît d’abord pas très accueillant, qu’elle donnera un nouveau tournant à sa vie et renouera avec son passé. Une très belle BD, pleine d’émotions, de douceur et d’humour, avec des dessins magnifiques.
– Sorcières, Mona Chollet
Un très bon essai féministe, qui part de la figure de la sorcière pour étudier trois catégories de femmes qui dérangent l’ordre patriarcal de notre société : les femmes célibataires, les femmes sans enfants et les vieilles femmes. J’ai beaucoup apprécié ce livre, en particulier l’introduction, où l’autrice fait vraiment le lien entre les sorcières et les mouvements féministes actuels. Les chapitres de développement m’ont appris moins de choses, même s’ils présentent des exemples intéressants. Par ailleurs Mona Chollet a une écriture assez plaisante à lire, avec de petites pointes d’humour antipatriarcal, ce qui est une qualité indéniable.
– Nouvelle-Sparte, Érik L’Homme
Valère, un adolescent de 16 ans, vit à Nouvelle-Sparte, une cité de la Fédération baïkalienne, dans le Monde-d’après – le monde d’après des bouleversements qui ont secoué notre monde. Suite à une série d’attentats, il est envoyé en mission en Occidie, un pays ultra-urbanisé et inégalitaire, où la vie semble superficielle. Il doit y mener l’enquête, mais tout ne se passe pas comme il l’imaginait.
Si la description des ruines du monde capitaliste et de ses mégapoles rappelle des classiques de science-fiction, l’organisation de la Fédération est beaucoup plus originale et constitue une forme d’utopie loin d’être parfaite mais intéressante, ce qui est plus rare. La Fédération n’accorde aucune importance à l’argent et met plutôt au premier plan la philosophie, l’égalité, la contribution de chacun à la communauté et la construction de la personne. Il y a une forme de vitalité et de profondeur dans la vie des personnages de cette Nouvelle-Sparte, qui traversent des épreuves initiatiques et rendent hommage à des dieux grecs remis au goût du jour. Cela dit, il y a aussi une dureté qui me séduit moins et dont la justification ne me convainc pas vraiment. Les histoires d’amour entre les adolescent⋅es ressemblent à celles de beaucoup de livres jeunesse, mais elles révèlent des jeunes qui ont une relation positive à leur corps et à leur sexualité, filles comme garçons (même s’il n’y a que des couples hétéros, je crois, et c’est dommage). C’est aussi par une langue inventive qu’Érik L’Homme donne vie à ce « Monde-d’après », en jouant avec la syntaxe et le vocabulaire, sans en faire trop.
Il ressort de ce livre un joli message d’ouverture à l’autre et une conclusion en forme de réflexion sur le destin. L’intrigue est un peu rapide à mon goût mais l’univers dans laquelle elle prend place, malgré ses limites, rend le livre vraiment intéressant et plutôt réussi.
– La porte de cristal, N.K. Jemisin
Le deuxième tome des Livres de la Terre Fracturée, une très bonne série de science-fiction. Dans ce monde, l’activité tellurique est forte et certaines personnes, appelées orogènes, peuvent la contrôler. À la fois craints et haïs, les orogènes sont traités comme des parias. Dans le premier tome, on suit l’histoire de trois d’entre eux, dans trois contextes différents : l’enfance, le dur apprentissage de l’orogénie et la survie pendant la Saison, une sorte d’apocalypse sismique. Je ne dévoile pas plus l’intrigue et vous encourage à lire cette trilogie ! L’univers est assez original, l’histoire est prenante et en plus il y a des personnages queer et polyamoureux.
– La Belgariade T.1, Le pion blanc des présages, David Eddings (relecture)
J’ai découvert cette série il y a une dizaine d’années. J’ai lu les deux premiers tomes et maintenant que C. m’a donné les trois suivants je compte bien les lire, surtout que le début m’avait bien plu. Évidemment, depuis, j’ai tout oublié, donc je relis.
Pour résumer, la Belgariade, c’est l’histoire de Garion, un jeune garçon qui se retrouve entraîné dans une aventure avec des secrets et des prophéties, une sorcière, le disciple d’un dieu, des rois et des princes, des espions et des guerriers. De la fantasy classique mais chouette, et franchement plus marrante que le Seigneur des Anneaux que j’avais trouvé loooong à lire quand j’étais au lycée (bon par contre ça manque clairement de personnages féminins).
– Utopiales 2019 : le recueil de nouvelles publié à l’occasion des dernières Utopiales, festival sur la science-fiction qui se déroule tous les ans à Nantes (en général c’est bien mais l’an dernier il y avait beaucoup trop de monde). Comme d’habitude, ce sont des nouvelles de grande qualité, même si aucune ne m’a vraiment marquée, contrairement aux années précédentes.
– L’usage du monde, Nicolas Bouvier : un beau récit de voyage agrémenté d’illustrations, qui nous emmène de la Suisse à l’Inde. Mes copines d’agreg, qui étaient en lettres et l’avaient au programme, avaient beaucoup aimé et en parlaient beaucoup, je suis contente de l’avoir lu à mon tour.
– Les Éveilleurs T.3, Pauline Alphen : troisième tome d’une série jeunesse que j’ai commencée quand j’étais au lycée. L’histoire de deux enfants/adolescent⋅es qui vivent dans un futur où la technologie est revenue à un niveau médiéval. Il y a aussi de la magie, bref c’est de la fantasy/SF jeunesse plutôt sympa.
– Contes d’un royaume perdu, Erik L’Homme : trois contes du Pakistan, magnifiquement illustrés par François Place. Si j’ai bien aimé ce livre, qui était sur ma liste depuis longtemps, j’ai trouvé qu’il avait par moment recours à des ressorts classiques mais oppressifs, pour lesquels j’ai fini par ne plus avoir de patience (par exemple la princesse qui découvre que son promis est nain et le trouve repoussant, si on pouvait éviter…).
– Phèdre, Racine : Phèdre aime Hippolyte, le fils de son mari Thésée. Hippolyte aime la fille des ennemis de son père. Autant dire que la famille ne part pas gagnante. L’intrigue amoureuse se mêle aux questions politiques dans cette tragédie qui constitue un des plus grands classiques de la littérature française et que je n’avais jamais lue (même si j’en connaissais déjà un bon nombre de vers). C’est maintenant chose faite et je remercie ma grand-mère qui m’a donné sa belle édition des œuvres de Racine en Pléiade. J’ai bien aimé, même si pour moi aucune tragédie de Racine n’est aussi belle que Bérénice.
– La place, Annie Erneaux : devenue enseignante mais issue de la classe populaire, Annie Erneaux revient sur son enfance à l’occasion de la mort de son père. J’en avais étudié des extraits en cours de SES, au lycée, et je suis contente de l’avoir lu.
– Nouvelles de Petersbourg, Gogol : des nouvelles qui glissent dans le fantastique tout en dépeignant la société russe du 19e siècle. Une lecture sympathique.
– La Tresse, Laetitia Colombani : trois femmes aux destins croisés traversent des épreuves. L’une, intouchable en Inde, décide de fuir sa condition ; la seconde, grande avocate canadienne, découvre qu’elle est atteinte d’un cancer ; la troisième tente de sauver l’entreprise familiale de perruques, en Sicile. Ce sont des histoires fortes et émouvantes, qui se rejoignent d’une façon assez intéressante.
Avec ce livre, j’ai testé pour la première fois le livre-audio. J’ai apprécié les ambiances sonores et le fait de pouvoir écouter l’histoire tout en marchant ou en faisant autre chose. Cependant j’ai eu l’impression que le fait que l’histoire soit lue par quelqu’un avec ses intonations créait une distance entre moi et le livre, m’imposait des émotions et m’empêchait d’avoir les miennes. En plus de ça, il y avait quelques erreurs de prononciation des mots d’italien qui émaillaient la partie de l’histoire qui se passe en Sicile. Ça pourrait n’être pas grand-chose, mais l’histoire tourne autour du père de la protagoniste et le mot « papà » est systématiquement prononcé « pàpa », avec l’accent sur la première syllabe au lieu de la dernière syllabe, ce qui signifie pape et non papa. En tant qu’italianiste, ça m’agace beaucoup. D’ailleurs j’aimerais savoir, si quelqu’un a la version écrite sous la main : est-ce que l’accent à la fin de « papà » est présent ? S’il y est, la comédienne n’a aucune excuse. S’il n’y est pas, vous corrigez toustes vos livres. Les accents en italien, c’est important (les restaurants qui écorchent l’orthographe de tiramisù, je vous vois). Voilà, il fallait que ça sorte. Tout ça pour dire : n’ayant pas besoin des livres-audio, je vais en rester aux livres écrits.
Et vous, qu’avez-vous pensé de ces livres ? Vous lisez quoi en ce moment ?
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